INTÉRIEUR – DANS UNE SALLE DE POMPES FUNÈBRES - NUIT
Dans un établissement funéraire, un homme allume une lampe avec une allumette. Il souffle dessus puis la touche pour l’éteindre.
Sneed : Sneed et compagnie vous présentent ses condoléances sincères et dans ce moment de grande affliction.
John Redpath : Grand-mère aura en tout cas bien profité de la vie. Elle était si pleine d’entrain, je ne peux pas qu’elle… qu’elle est morte. C’est étonnant.
Sneed : Étonnant, je ne dirais pas ça, je dirais endormi.
John Redpath :(En regardant vers l’homme.) J’aimerai rester un moment seul.
Sneed : Mais oui, bien entendu. Je serais dans la pièce à côté si jamais vous désirez quoi que ce soit.(Il s’en va.)
Le deuxième homme regarde sa grand-mère, attristé. Le visage de la femme se colore en bleu avant que de l’énergie sorte de son corps et ses yeux s’ouvrent. Elle attrape le cou de son petit-fils pour l’étrangler.
Entrant dans la pièce et voyant la scène, Sneed s’approche de Redpath pour le libérer de l’emprise de la vieille dame puis prend le couvercle du cercueil pour le fermer mais la dame résiste.
Sneed :Gwyneth, descends immédiatement, nous en avons un autre.
Le corps de la vieille dame tape sur le couvercle, faisant tomber monsieur Sneed qui se trouve près du corps de Redpath. Elle tape également sur le côté, faisant tomber l’autre coin du cercueil. Elle se lève et sort dans la rue.
EXTÉRIEUR – DANS UNE RUE DE CARDIFF – NUIT
La vieille qui est dehors désormais marche sur la neige, s’avance avec du bleu qui entoure son visage puis s’arrête de marcher.
OUVERTURE
INTÉRIEUR - DANS LE TARDIS
Docteur : Tenez celui-là bien baissé.
Rose : Mais je le tiens baissé.
Docteur : Alors tenez les deux baissés.
Rose : Je sais que ça ne fonctionnera pas.
Docteur : Je vous ai promis de voyager dans le temps et on ira dans le temps. Bon, vous avez vu le futur, alors si on allait dans le passé. 1860, ça vous dit ?
Rose : Qu’est-ce qui s’est passé en 1860 ?
Docteur : Je n’en sais rien, on va le découvrir. Tenez-vous bien, c’est parti !
Le TARDIS se trouve dans le tourbillon temporel.
INTÉRIEUR – DANS UNE SALLE DE POMPES FUNÈBRES - NUIT
Sneed :(Se touchant le front.)Gwyneth, mais où es-tu donc ? Gwyneth. (Elle arrive près de lui.) Où es-tu donc passée, il y a dix minutes que je hurle.
Gwyneth : J’étais à l’écurie, monsieur, j’étrillais Samson avec de la paille.
Sneed :Eh bien, retourne le harnacher immédiatement.
Gwyneth : Mais enfin, pourquoi faire ?
Sneed : Parce que les cadavres ont décidé de ressusciter et la grand-mère de John Redpath est debout sur ses jambes, quelque part au milieu des rues, il faut à tout prix que nous la retrouvions.
Gwyneth : Monsieur Sneed, voyons, ça ne peut plus continuer comme ça, c’est impie.
Sneed : Mais cesse donc de me regarder comme si c’était ma faute. Maintenant suis-moi, dépêchons, elle avait quatre-vingt-dix ans, elle ne doit pas être loin. (Il commence à partir.)
Gwyneth : Mais pour monsieur Redpath, vous vous êtes arrangé avec lui ?
Sneed : Non, elle, elle s’en est chargée.
Gwyneth Qu’est-ce que vous dites ? C’est affreux. Je sais que ce ne sont pas mes affaires et je vous demande de me pardonner d’oser vous parler sans détour, mais il est évident que maintenant ça nous dépasse. Je crois que des événements terribles se produisent sous ce toit, nous devons trouver de l’aide quelque part.
Sneed : Mais bien sûr, je ne demande que ça. Nous en chercherons dès que nous aurons enfermé la vieille dans son cercueil. Maintenant, ma fille, assez tergiversé, allez attelé le cheval, partons à la chasse aux cadavres. (Il s’en va.)
EXTÉRIEUR – DANS UNE IMPASSE DANS CARDIFF – NUIT
Le TARDIS apparait dans une impasse.
INTÉRIEUR - DANS LE TARDIS – CARDIFF – NUIT
Le Docteur et Rose sont au sol en train de rigoler après leur atterrissage.
Rose : Ah, mes côtes.
Docteur : Ça va, rien de cassé ? (Il regarde sur son écran.)
Rose : Non, non, ça va. (Elle se relève.) À première vue. Où sommes-nous, est-ce qu’on a réussi ?
Docteur : J’ai réussi, je mérite une médaille. Naples, 24 décembre 1860.
Rose :(Regardant l’écran.) C’est tellement fantastique et c’est la veille de Noël.
Docteur :(Montrant la porte avec sa main gauche.) Voir Naples et revenir.
Rose : Mais en fait, si on y pense, il n’y a jamais qu’un 1860, ça n’arrive qu’une fois, une fois et quand c’est, c’est fini, on peut se dire qu’on aura plus la chance de le revoir. (Alors que le Docteur sourit.) Sauf vous bien sûr. Vous avez le pouvoir de retourner vivre dans des jours anciens qui sont à des milliers couchers de soleil. Ce n’est pas étonnant que vous couriez toujours.
Docteur :Ce n’est pas désagréable.
Rose : (En souriant.) C’est plus chouette à deux. (Elle s’en va vers la porte.) Allons-y.(Elle se met à courir.)
Docteur : Eh, où est-ce que vous allez comme ça ?
Rose :(En se retournant.) En 1860.
Docteur : Quoi ? Avec ces fringues, vous allez déclencher une émeute. (Il montre un endroit avec sa main.) Il y a une garde-robe au fond, tournez à gauche, à droite, à gauche, tout droit vers l’escalier après les poubelles, cinquième porte, allez, dépêchez-vous. (Rose se met à courir dans le TARDIS.)
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
La voiture s’avance dans les rues de Cardiff à la recherche de la vieille dame.
Sneed : À rien en fond. Où est-elle ?
Gwyneth : Elle s’est évanouie dans l’herbe. Où peut-elle bien être ?
Sneed :(Faisant arrêter la voiture.) C’est ce que je te demande.
Gwyneth : Que voulez-vous dire ?
Sneed : Tu sais bien ce que je veux dire.
Gwyneth : Non, soyez gentil.
Sneed : Utilise les visions.
Gwyneth : Non, c’est défendu.
Sneed : Trouve la vieille lady, sinon, je te mets à la porte. Maintenant, regarde tout au fond de toi. Concentre-toi bien. Où est la vieille lady ? (Gwyneth ferme les yeux et se concentre.)
Gwyneth :(Ouvrant les yeux.) Elle est égarée, elle est si seule. Oh mon Dieu, il y a tellement de choses étranges dans sa tête.
Sneed : Mais où est-elle ?
Gwyneth : Elle était tout excitée, en pensant à cette soirée, depuis plusieurs jours, elle se faisait une joie de le voir.
Sneed : De qui veux-tu parler ?
Gwyneth : Du grand homme, venu spécialement de Londres, le grand, l’unique, le plus grand.
INTÉRIEUR – DANS LA LOGE DE CHARLES DICKENS – NUIT
Homme : (Tapant à la porte alors que Dickens se concentre.) Monsieur Dickens, monsieur Dickens. (Il ouvre la porte.) Excusez-moi monsieur Dickens, ça va être à vous.(S’avançant vers Dickens.) Est-ce que ça va, monsieur ?
Charles Dickens : Oui, ça va, merci, je suis désolé.
Homme : Il est temps de vous préparer.
Charles Dickens : Ah oui, bien entendu, je vais y aller, en fait j’étais en train de maudire la veille de Noël. Ce n’est pas le bon soir quand on est tout seul.
Homme : Personne ne voyage avec vous, il n’y aucune jeune femme qui vous attends à la sortie ?
Charles Dickens : Je crains que non.
Homme : Il y a la mienne si vous voulez. (Il rigole.)
Charles Dickens : Non, non, je ne ferais jamais ça. En réalité, j’étais disons plutôt mal avisé dans la conduite de ma vie de famille. Maintenant, grâce au ciel, je suis trop vieux pour créer d’autres problèmes.
Homme : Vous parlez comme si tout ça c’était fini.
Charles Dickens : Non, je n’ai jamais fini. Et je vais, racontant chaque soir, toujours la même histoire. (L’homme regarde l’affiche derrière lui.) Je suis comme un fantôme, condamné à me répéter moi-même jusqu’au fin fond de l’éternité. (Il se lève et semble prendre un verre.)
Homme : Oh, il n’est jamais trop tard, vous pouvez encore trouver d’autres numéros.
Charles Dickens : Eh non, hélas, même mon imagination est en train de s’étioler. (Il se met à boire.) Eh oui, je suis un vieil homme. Peut-être ai-je déjà dit tout ce que j’avais à dire. Seulement voilà, les feux de la rampe m’attirent encore. (Il enlève son peignoir.) Aussi puissant qu’un pipeau céleste.
Homme :(Lui enfilant une veste.) Tenez monsieur.
Charles Dickens :(Enfilant sa veste.)Alors, allons amuser la foule.
INTÉRIEUR - DANS LE TARDIS – CARDIFF – NUIT
Le Docteur remonte à l’endroit où il y a des fils et utilise son tournevis sonique dessus. Rose arrive, habillée avec une très jolie robe, sous les yeux éberlués du Docteur.
Docteur : Dites-moi que je rêve.
Rose :(Pointant son doigt vers lui.) Je vous interdis de rire.
Docteur : Vous êtes merveilleuse. (Rose sourit.) En considérant…
Rose :(Pendant que le Docteur retourne à ses occupations.) En considérant quoi ?
Docteur : Que vous êtes humaine.
Rose : Ça doit être un compliment et vous, vous restez comme ça ?
Docteur :J’ai mis un nouveau pull-over. (En se levant.) Allez, on y va.
Rose :(S’avançant.) Non, vous restez là, il n’y a pas de raison que ce soit toujours vous, cette fois, c’est mon tour. (Rose ouvre la porte et voit qu’il neige. Elle laisse une empreinte de pied dans la neige et se met à marcher, suivi du Docteur qui ferme la porte.)
Docteur : Vous êtes toujours tentée ? (Rose sourit et le Docteur tend son bras pour que Rose le prenne.) Alors on y va, à nous l’histoire. (Ils sourient de nouveau et ils s’en vont.)
INTÉRIEUR – DANS UNE SALLE DE SPECTACLE – NUIT
La foule applaudit dès l’apparition sur scène de Charles Dickens sauf la grand-mère décédée qui le regarde intensément.
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
Homme 1 : Demandez la gazette, les dernières nouvelles de Noël. Demandez la gazette…
Le Docteur et Rose marchent en souriant alors qu’un carrosse passe devant eux.
Homme 2 : Commandez votre sapin.
Homme 1 : Demandez la gazette, nouvelles de Noël. Demandez la gazette…
Ils se mettent à courir alors que la voiture de Sneed arrive derrière eux.
Gwyneth : Elle est entrée là, monsieur, j’en suis certaine.
Sneed : Allons-y. (Ils descendent de la voiture.)
Le Docteur prend le journal de la nuit.
Homme 1 : Merci bien monsieur.
Docteur : Merci beaucoup.
Homme 1 : Et joyeux Noël.
Rose et le Docteur s’en vont.
Gwyneth :Oh, je suis gelée, vivement qu’on soit là.
Docteur : J’ai dû faire une petite erreur.
Rose : Ah, ça ne fait rien.
Docteur : On n’est pas en 1860, on est en 69.
Rose : Ça ne fait rien.
Docteur : Et on n’est pas à Naples.
Rose : Mais ça ne fait rien.
Docteur : On est à Cardiff.
Rose :(Étonnée, elle s’arrête de marcher.) Cardiff ? (Elle se remet à marcher.)
INTÉRIEUR – DANS UNE SALLE DE THÉÂTRE – NUIT
Charles Dickens : « Nous savons avec certitude qu’il n’y avait rien de particulier qui différencier le heurtoir de la porte de cette maison d’un autre. Mais alors j’aimerai bien que quelqu’un m’explique, s’il le peut, comment il se fait que Scrooge ait introduit sa clé dans la serrure, ait vu devant lui (la femme décédée a un regard menaçant dans le public.)à la place du heurtoir sans qu’il ait subi aucune modification notoire, non pas le heurtoir mais le visage de Marley. (En haussant le ton.)Oui, le visage de Marley qui était là et qui regardait Scrooge, tout comme Marley avait l’habitude de le faire. Il avait l’air d’être... »(Il commence à voir le visage de la femme qui se met en bleu et la fumée semble se dégager d’elle. Dickens a l’air terrifié.) Il avait l’air de, de ce qui est en face de moi. (Le public se tourne vers la dame et prennent peur.) Mais quelle fantasmagorie est-ce cela. Qu’est-ce que ça veut dire. (La femme se lève et de la fumée bleue sort de sa bouche en criant sous les yeux horrifiés des gens.)
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF–NUIT
Docteur : (En entendant les cris, il se met à sourire et balance son journal derrière lui.) Tout ce que j’aime, venez.
INTÉRIEUR – DANS UNE SALLE DE THÉÂTRE – NUIT
Les gens continuent de crier en tentant d’échapper à la fumée bleue.
Charles Dickens :(En tentant d’éviter la panique.) Je vous en prie, restez assis. C’est sûrement un de ces tours qu’on fait avec une lanterne magique. (Les gens partent et l’ombre bleue a quitté le corps de la dame et vole dans le théâtre.) Il n’y a pas à s’affoler.
Pendant que les gens quittent le théâtre, Sneed et Gwyneth arrivent dans la salle.
Sneed : Laissez-moi passer, excusez-moi monsieur.
Gwyneth :(Montrant du doigt la dame.) Regardez là monsieur, elle est là.
Sneed : Tu crois que je ne la vois pas ?
Tout le monde est parti et l’ombre circule à travers la salle.
Sneed : Mais pour ne pas la voir, il faut être aveugle.
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
Toutes les personnes quittent le bâtiment.
Sneed : (Hors cadre.) Écartez-vous, écartez-vous.
INTÉRIEUR – DANS UNE SALLE DE THÉÂTRE – NUIT
Femme :(Pendant que l’ombre continue de tourner.) Mais dépêchez-vous. Il faut qu’on sorte d’ici. Qu’est-ce que c’est.
Docteur :(Arrivant sur les lieux, avec Rose derrière lui, ils regardent l’ombre et le Docteur se met à sourire.) C’est fantastique. (Il part alors que Rose reste debout à la regarder. L’ombre finit par sortir entièrement du corps de la femme qui s’écroule.)
Femme : Jésus, Marie.
Docteur :(S’adressant à Charles Dickens.) Vous avez vu d’où ça venait ?
Charles Dickens : Je crois que les farceurs découvrent d’où ils viennent. J’imagine monsieur que vous êtes satisfait du résultat.
Rose :(Voyant Sneed et Gwyneth prendre la vieille dame.) Attendez, laissez-la tranquille. Docteur, je veux les suivre. (Elle s’en va.)
Docteur :(En montant sur la scène.) Soyez prudente. (Il rejoint Charles Dickens.) Est-ce qu’elle a dit quelque chose ? Est-ce qu’elle parle ? Au fait je suis le Doc…
Charles Dickens :Docteur, vous avez plus l’air d’un marin.
Docteur : (Montrant son pull.)Enfin, qu’est-ce qu’il a ce pull.
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
Rose :(Rejoignant Gwyneth.) Mais qu’est-ce que vous faites ?
Gwyneth : C’est une tragédie, mademoiselle. Ne vous en faites pas, le maître et moi, on s’en charge. Voyez-vous, la vieille dame a été prise d’une fièvre cérébrale. (Rose tente de regarder dans le corbillard.) On la conduit à l’infirmerie.
Rose :(Regardant le corps de la vieille dame, elle touche son crâne.)Elle est morte, elle est toute froide, qu’est-ce que vous lui avait fait ?
Monsieur Sneed se trouve derrière Rose et attend le bon moment pour lui mettre un chiffon rempli de chloroforme pour le mettre sur son nez et sa bouche. Rose est désormais inconsciente.
Gwyneth : Oh, pourquoi est-ce que vous lui avez fait ça ?
Sneed : Parce qu’elle en savait beaucoup trop. Mettons-la dans le corbillard, aide-moi. (Gwyneth prend les pieds de Rose.)
INTÉRIEUR – DANS UNE SALLE DE THÉÂTRE – NUIT
L’ombre bleue est toujours en train de parcourir la salle alors qu’au premier étage, les gens continuent de crier. Tout le monde s’en va sous les yeux ébahis du Docteur et Charles Dickens.
Docteur :(En souriant.) Du gaz, ils sont faits de gaz. (L’ombre bleue disparaît entièrement dans la lanterne au-dessus de la porte.)
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
Gwyneth finit de mettre Rose dans le corbillard. Le Docteur et Charles Dickens sortent du théâtre alors que Gwyneth ferme la porte et se met à courir.
Docteur : Rose !
Charles Dickens :Monsieur, vous ne m’échapperez pas. Que savez-vous au juste de cette fantasmagorie ? (Le Docteur est impuissant en voyant le corbillard partir.) Ce sont des projections sur verre, j’ai compris. Je sais bien qui vous manipule.
Docteur :(Ne s’intéressant pas à Dickens.) Oui, c’est ça mais là j’ai de plus gros soucis. (Trouvant un carrosse stationné, il se met à courir.) Eh, suivez ce corbillard.
Cochet : Je ne peux pas, monsieur, désolé. (Le Docteur monte dans le carrosse.)
Docteur : Pourquoi ça ?
INTÉRIEUR – DANS LA VOITURE DE CHARLES DICKENS - NUIT
Charles Dickens : Où vous croyez-vous donc, il a une bonne raison de ne pas vouloir parce que c’est ma voiture.
Docteur : Alors, si c’est ça, venez. (Il prend Dickens par la main et le fait monter.)Uh.
Cochet : Ya, Ya. (La voiture se met en route.)
Docteur : Dépêchez-vous, on va les perdre.
Cochet :(Se tournant vers Dickens.) C’est un ordre, monsieur Dickens ?
Charles Dickens : Non, rien n’est en ordre.
Docteur : (Étonné.) Mais qu’est-ce qu’il a dit ?
Charles Dickens : Attendez, laissez-moi parler, je ne suis pas dépourvu de sens de l’humour mais oui.
Docteur : Charles Dickens ?
Charles Dickens : Oui.
Docteur : Le grand Charles Dickens ?
Cochet :(En se retournant.) Vous voulez que vous en débarrasse, monsieur.
Docteur : Charles Dickens, vous êtes merveilleux. L’écrivain le plus fabuleux que je connaisse. J'ai tout lu, « De grandes espérances », Oh « Oliver Twist ». Et c’est quoi cet autre euh celui avec des fantômes.
Charles Dickens : « Un chant de Noël ».
Docteur : Non, non, non, celui avec des trains. Ah « Le signaleur », c’est terrifiant.
Charles Dickens :(En souriant.) Ah oui.
Docteur : C’est la meilleure nouvelle jamais écrite. Vous êtes un génie.
Cochet : (Se tournant encore derrière lui.) Vous ne voulez vraiment pas que je vous en débarrasse ?
Charles Dickens : Euh non, je crois qu’on va le garder.
Docteur : Honnêtement Charles, je peux vous appeler Charles ? Je suis un de vos fans.
Charles Dickens : Euh vous êtes quoi si j’ai bien compris…
Docteur :Fan, votre fan n°1, c’est moi.
Charles Dickens : Qu’entendez-vous par « fane » ? Pourquoi seriez-vous pour moi une tige de salsifis séchés.
Docteur : « Fan » veut dire « fanatique », « adorateur ». Par contre, je dois dire que ce roman américain, Martin Chuzzlewit, c’est de l’alimentaire ou quoi, ce n’est pas digne de votre immense talent.
Charles Dickens : Je croyais que vous étiez un de mes fans ?
Docteur : Oh, si on ne peut plus faire de critiques, où va-t-on ? Non, la mort du petit Neal, ça me fait tordre de rire. Je vous en prie, oubliez ça. (Il se tourne vers le cochet.)Eh toi, pousse les chevaux ! (Le cochet s’exécute en criant.)
Charles Dickens : Au fait, puis-je savoir qui est dans ce corbillard ? Sans indiscrétion.
Docteur : Mon ami, elle n’a que 19 ans et maintenant par ma faute, elle court un grand danger.
Charles Dickens : Mais enfin pourquoi perdre du temps à parler de vieux livres poussiéreux. C’est bien plus important. Allons cochet, plus vite que ça, la chasse est ouverte.
Cochet : Oui, monsieur.
Docteur : Vous êtes épatant, Charlie.
Charles Dickens : Personne ne m’appelle Charlie.
Docteur : Si, toutes vos conquêtes.
Charles Dickens : Comment savez-vous ça ?
Docteur : Je vous l’ai dit, je suis numéro un.
Charles Dickens : Ah, oui, numéro un de mes fans. (Le Docteur sourit.)
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – NUIT
Sneed et Gwyneth entrent dans la maison alors qu’ils tiennent Rose.
Gwyneth : La pauvre fille est toujours vivante. Qu’allez-vous faire d’elle ?
Sneed : Je n’en sais rien. Je n’ai pas encore eu le temps de réfléchir à la question. (Ils posent Rose sur une table.) Est-ce ma faute si la défunte s’obstine à venir ?
Gwyneth : Mais alors de qui est-ce la faute ? Pourquoi est-ce qu’il faut que ça nous arrive à nous ?
Ils s’en vont tandis que dans une lampe, la flamme se met à bouger.
Sneed : Une fois j’ai fait une faveur. J’ai témoigné que son neveu était un chérubin. Malgré ça, il est allé passer quinze jours en prison. Alors, peut-être bien qu’il nous aura fait un exorcisme au rabais. (Quelqu’un tape à la porte de la maison.) Dis que je suis sorti, qu’on est enfermé, enfin, arrange-toi et débarrasse-nous d’eux. (Il s’en va presque en courant.)
Pendant que Gwynethva à la porte, Rose se réveille avec une mal de tête et encore une ombre qui est sorti d’un corps juste à côté d’elle. Un homme se réveille alors que quelqu’un continue de frapper à la porte. Gwyneth l’ouvre et elle voit Charles Dickens et le Docteur.
Gwyneth : Désolée, messieurs, on n’est fermé.
Charles Dickens : À d’autres. Depuis quand est-ce que les pompes funèbres ont des horaires de fonctionnaires ? La mort, elle fauche à toute heure. Je demande à voir votre maître.
Gwyneth : Il est sorti, je suis désolée. (Elle veut fermer la porte mais Dickens l’ouvre de force.)
Charles Dickens : Arrêtez de mentir, jeune impertinente. Appelez votre maître.
Gwyneth : Je suis vraiment désolée, monsieur Dickens, mais mon maître est indisposé. (Une autre flamme se met à bouger.)
Docteur : Vous avez des problèmes de gaz.
Charles Dickens :(Regardant quelque chose.) Mais c’est encore Shakespeare qui fait des siennes.
Rose est de mieux en mieux réveillée alors que l’ombre bleue sort de la bouche de l’homme décédé. Elle se tourne et prend peur car l’ombre s’est cachée dans le visage de l’homme et que celui-ci s’est mis à vivre.
Rose : Vous êtes sûr que ça va ? (L’homme se lève de son cercueil.) Vous voulez m’effrayer. C’est une plaisanterie. (L’homme sort de son cercueil.) Vous êtes un petit farceur. (S’en allant tandis que l’homme s’approche d’elle.) D’accord, j’ai rien dit. (Elle va vers la porte mais elle est fermée.)
Gwyneth :(Alors que le Docteur entre dans le vestibule et écoute le mur avec son oreille gauche.) Mais monsieur, vous n’avez pas le droit d’entrer sans autorisation.
Docteur :(En mettant son oreille sur le mur.) Il y a quelque chose dans le mur.
Pendant ce temps-là, Rose tente d’échapper à l’homme qui s’est réveillé ainsi que la vieille dame.
Docteur : C’est dans le tuyau de gaz. Il y a quelque chose qui vit dans le gaz.
Rose prend une urne et la jette vers l’homme et tente vainement d’ouvrir la porte fermée.
Rose : Eh, laissez-moi sortir, ouvrez la porte, au secours !
Docteur :(En entendant les cris de Rose.) C’est elle. (Dickens entre dans la mais tandis que la grand-mère et le petit fils s’approchent d’elle.)
Sneed : De qui vous voulez parler…
Docteur : Laissez-moi passer. (Il court vers la porte.)
Sneed : Vous êtes chez moi.
Charles Dickens : Ça, je m’en moque.
Sneed : Vous allez voir ce que ça coûte. (À Gwyneth.) Et toi, tu ne perds pour…
Rose :(Alors que les deux s’approchent dangereusement.) Laissez-moi sortir d’ici, ouvrez la porte, au secours ! (Elle tape du poing sur la porte.) Il y a quelqu’un, vous m’entendez ? Ouvrez, ouvrez la porte. (L’homme met sa main sur le visage de Rose pour qu’elle arrête de crier.)
Le Docteur force la porte et arrive devant les trois personnes devant lui.
Docteur :(Prenant la main de Rose.) J’avais réservé cette danse.
Charles Dickens :(Voyant les deux personnes en vie.) C’est une farce, forcément, nous nous trouvons sous une influence.
Docteur : Non, les morts se sont réveillés. (Il regarde Rose en souriant.) Salut.
Rose : Salut. (Regardant Dickens.) Et qui est votre ami ?
Docteur : C’est Charles Dickens.
Rose :(Surprise.)Ah, ah, d’accord.
Docteur : On m’appelle « le Docteur ». Vous qui êtes-vous et que voulez-vous ?
La grand-mère et le petit-fils : Nous défaillons et mourons à l’instant, vous ouvrez la fissure, piégés dans cette forme, nous sommes en sursis. Vous devez nous aider. (Deux ombres bleues sortent de la bouche des deux personnes et s’en vont dans la lanterne derrière eux. La grand-mère et le petit-fils s’écroulent au sol.)
Rose :(Pendant que Gwyneth met du thé dans les tasses ; en colère.) Tout d’abord vous me droguez, ensuite vous me kidnappez et surtout n’allez pas croire que je n’ai pas senti vos mains s’égarer, espèce de vieux cochon.
Sneed :(Tentant de se défendre.)Je n’accepte pas d’être traité de la sorte.
Rose :(Haussant le ton.)Vous m’avez enfermée avec des zombies et en plus de ça, vous m’avez laissé pour morte, alors j’attends, expliquez-vous.
Sneed : Ce n’était pas de ma faute, c’est cette foutue maison. Voyez-vous, elle a toujours eu la réputation d’être hantée mais je n’ai jamais eu de problèmes jusqu’il y a trois mois. C’est là que les macab… (Il s’arrête de parler. Charles Dickens réfléchit.) Je veux dire les chers disparus, se sont mis tout à coup à s’agiter.
Charles Dickens : Oh, balivernes.
Sneed :(Regardant Dickens.) Vous les avez vus vous-même, c’est impossible de le faire tenir tranquille. Ils déambulent et ça va vous sembler curieux mais s’ils accrochent à ce qu’ils étaient avant de mourir.
Gwyneth :(Apportant une tasse au Docteur.) Tenez, deux sucres comme vous aimez.
Sneed : Écoutez ça, un vieillard qui avait été bedeau avait failli participer à son propre service funéraire, quant à la vieille lady, (il s’adresse à Charles Dickens) elle a été à votre spectacle exactement comme elle l’avait prévu.
Charles Dickens :(N’y croyant pas.) Bouffonnerie, morbide et grotesque.
Docteur : Voyons Charles, vous étiez là.
Charles Dickens : Oui et tout ce que j’ai vu est mensonge et illusion.
Docteur : Si vous niez l’évidence, ne me faites pas perdre mon temps, la ferme. (À Sneed.) Oui mais le gaz.
Sneed : Oh, ça c’est nouveau, jusque-là, je n’avais jamais vu ça.
Docteur : Ça veut dire que ça s’accentue, la fissure s’élargie, et quelque chose si faufile.
Rose : C’est quoi la fissure ?
Docteur : Un point faible dans le temps et l’espace, une connexion placée entre ce lien et un autre. C’est en général la cause des histoires de fantômes.
Sneed : C’est pour ça que j’ai eu la maison à si bas prix, (pendant ce temps, Dickens s’en va)Les histoires se transmettent de génération en génération. Les égouts dans la nuit, les curieuses chansons dans l’air et cette sensation d’avoir sans cesse des ombres au-dessus de nos âmes. Euh, pour parler franchement c’est plutôt bon pour les affaires (le Docteur sourit). C’est ce que les gens attendent les gens attendent d’une entreprise d’aussi sinistre que la mienne.
Charles Dickens va dans un couloir et regarde une bougie allumée et semble écouter quelque chose.
Charles Dickens : Oh non, c’est impossible. (Il s’en va et retourne dans la chambre funéraire, enlève le couvercle du cercueil et voit l’homme endormi et tente de trouver quelque chose et regarde en dessous du cercueil. Le Docteur arrive.)
Docteur : Vous cherchez les ficelles ?
Charles Dickens : Je chercherai plutôt des fils métalliques. Il y a certainement un mécanisme derrière cette escroquerie.
Docteur :(S’avançant vers lui.) Oh, ne faites pas cette tête-là Charles, on est d’accord, je n’aurai jamais dû dire « la ferme ».(Il met sa main sur l’épaule de Dickens.) Je suis désolé mais vous êtes l’un des plus grands esprits du monde. Vous avez vu ces créatures.
Charles Dickens : Non, non, je ne saurais accepter ça.
Docteur : Ah oui, et que fait le corps humain quand il se décompose, il se pétrifie en produisant du gaz. C’est un abri parfait pour ces choses gazeuses. Une fois dedans, ça leur sert de véhicule comme votre cochet avec…
Charles Dickens : (Le coupant.) Je vous en prie, mais enfin, est-il possible que la vision que j’ai eu du monde jusque-là, soit aussi fausse ?
Docteur : Pas fausse, il y a juste à en apprendre davantage.
Charles Dickens : J’ai passé mon temps à fulminer contre les doux rêveurs. Oh, j’adore l’illusion comme tout un chacun, je m’en amuse mais en les laissant pour ce qu’elles sont, des illusions. Le monde réel est différent, c’est tout à fait autre chose, j’ai passé ma vie entière à comprendre avec acharnement l’injustice et à défendre les grandes causes sociales. Une force du bien, voilà ce que j’avais voulu tant aimé d’être. Et maintenant, vous me dites que le monde réel est le royaume des spectres et de je ne sais de quels autres feux follets ou quelqu’un. Ça voudrait dire que j’ai perdu ma brève existence, Docteur. Aurais-je fait tout ça en vain ?
Gwyneth allume une autre lampe avec une allumette et souffle dessus. Rose arrive derrière elle.
Gwyneth : (Voyant Rose ranger.) Je vous en prie, mademoiselle, vous ne devriez pas…
Rose : Je ne suis pas idiote, je suis sûre que Sneed vous exploite.
Gwyneth : (Prenant un bout de tissu.) Donnez ; (en le recevant) merci.
Rose : Combien est-ce qu’il vous paie ?
Gwyneth : Huit livres par an, mademoiselle.
Rose : Huit livres par an ?
Gwyneth : Oui, je sais, déjà avec six livres, j’aurais été bien contente.
Rose : Quand vous étiez enfant, vous avez été à l’école ?
Gwyneth : (Se retournant.) Oh oui, bien sûr, qu’est-ce que vous croyez ? Je ne suis pas une courgandine. Et j’y allais tous les dimanches, c’est comme je vous le dis.
Rose : Une fois par semaine ?
Gwyneth : Mmm, oui, on apprenait à compter. En fait, pour être sincère, je détestais ça plus que tout au monde.
Rose : (En souriant.) Moi aussi.
Gwyneth : Non, c’est vrai ? (Elles rigolent.) Surtout ne le dites pas mais un dimanche, au lieu d’y aller, j’ai été me promener toute seule.
Rose : Je l’avais fait plein de fois aussi. On avait léché les vitrines avec ma copine Shareen, on voyait les garçons sans que nos mères le sachent.
Gwyneth : (Devenant sérieuse.) C’est un sujet que je ne connais pas.
Rose : Voyons, les temps n’ont quand même pas changé à ce point. (Gwyneth dit quelque chose en même temps que Rose.) Je parie que vous avez fait la même chose.
Gwyneth : Oh ça, ça m’étonnerait, mademoiselle.
Rose : Allons Gwyneth, à moi vous pouvez le dire. Il y a bien quelqu’un qui vous a tapé dans l’œil.
Gwyneth : (Arrêtant son activité.) Je pense que oui, il y en a bien un. (Rose sourit, contente de l’entendre.) Le cousin du boucher, tous les mardis il livre la viande. Ah, si vous saviez comment il a un beau sourire.
Rose : (En rigolant.) Oh, j’adore les beaux sourires. On dit toujours « beaux sourires et belles fesses ». (Gwyneth s’arrête de rire.)
Gwyneth : Je n’ai jamais entendu dire ça. (Elles se mettent à rigoler.)
Rose : Vous n’avez qu’à le lui demander. Vous devriez lui offrir une tasse de thé, ça créé des liens.
Gwyneth : Je n’ai jamais rien vu jusqu’ici d’aussi étonnant, mademoiselle. Vous avez les vêtements, (Rose regarde son décolleté.) les bonnes manières, mais quand vous parlez on dirait que vous êtes folle.
Rose : Je le suis peut-être, ou peut-être que c’est une bonne chose. Vous méritez mieux que de vous dévouer à monsieur Sneed.
Gwyneth : Oh, c’est injuste de dire ça, il n’est pas si mal le vieux Sneed. Il a été très gentil avec moi quand il m’a recueillie. Mes parents sont morts de la grippe asiatique, j’avais douze ans.
Rose : Ah, je suis désolée.
Gwyneth : (En souriant.) Je vous remercie. Je sais que j’irais les rejoindre un jour. J’aurais une place au paradis, à côté d’eux. Ça serait une telle bénédiction. Je sais qu’ils m’attendent, peut-être que votre père y est aussi et qu’il vous y attend.
Rose : Ouais, peut-être. (Étonnée.) Oh, euh, qui vous a dit qu’il était mort ?
Gwyneth : (Retournant à ses activités.) Je n’en sais rien, c’est sûrement le Docteur.
Rose : Mon père est mort il y a des années.
Gwyneth : Vous avez pensé à lui dernièrement plus que d’habitude. (N’entend rien.) Je suppose que oui.
Rose : Qu’est-ce qui fait que vous savez tout ça ?
Gwyneth : Monsieur Sneed, lui, dit toujours que je pense trop. Je suis tout le temps seule ici. Je veux bien croire que vous avez une douzaine de servantes. (Elles rigolent de nouveau.)
Rose : Non, d’où je viens, Gwyneth, il n’y a pas de servantes.
Gwyneth : C’est vrai que vous êtes venue d’aussi loin.
Rose : Qu’est-ce qui peut vous faire croire ça ?
Gwyneth : Vous venez de Londres. J’avais déjà vu Londres en gravure mais jamais comme ça. Tous ces hommes pressés qui courent partout, à demi-nus pour notre honte. Et toute cette fureur. Et ces boîtes en métal qui filent comme le vent et ces immenses oiseaux dans le ciel, ils sont en métal eux aussi. Des oiseaux en métal avec plein de gens enfermés dedans, comment peuvent-ils voler ? Et vous, vous avez volé d’encore plus loin. Toutes les choses que vous avez vues, je les vois aussi. Les ténèbres et le grand méchant loup. (Elle recule derrière, apeurée.) Je suis désolée, excusez-moi, mademoiselle.
Rose : Ce n’est rien.
Gwyneth : Je ne peux pas m’en empêcher. Déjà toute petite, ma maman disait que j’avais des visions, elle voulait… (Le Docteur arrive à l’improviste, faisant peur aux jeunes femmes.)
Docteur : Et vous en avez de plus en plus, plus puissantes, c’est bien ça ?
Gwyneth : Oui, tout le temps, monsieur. Toutes les nuits, j’entends des voix dans ma tête.
Docteur : Vous avez grandi au sommet de la fissure, vous êtes une partie d’elle, vous êtes la clé.
Gwyneth : J’ai essayé de comprendre ce que j’avais de différent, j’ai consulté des tas de, de spirites ou encore des spécialistes des tables tournantes.
Docteur : Ça nous sera d’une aide précieuse. Vous allez nous faire voir ce que nous devons faire.
Gwyneth : Ce qu’on doit faire où, monsieur ?
Docteur : Nous allons organiser une séance.
Tandis qu’on entend un cheval hennir, la flamme de la lanterne dans la rue se met à s’agiter.
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – NUIT
Gwyneth : (Alors qu’ils sont autour d’une table.) C’est comme ça que madame Mortlock appelle ceux du pays des brumes, là-bas à Buttown. Joignons nos mains pour faire passer le fluide.
Charles Dickens : C’est au-dessus de mes forces. (Il s’en va.)
Docteur : Oh, balivernes, ayez l’esprit ouvert.
Charles Dickens : C’est précisément toutes ces sortes de stupides gamineries que je m’efforce de démasquer. Vos séances, comme vous dites, ne sont pas autre chose que des amusements de fête foraine, qu’ils ne sont destinés qu’à berner la foule des ignorants. Cette fille n’y connaît rien.
Docteur : « Évitez de la contrarier ». (En souriant.) J’adore voir les médiums heureux.
Rose : Je n’arrive pas à croire que c’est vous qui dites ça.
Docteur : (À Charles Dickens.) Allez, venez, on pourrait avoir besoin de vous. (Dickens s’assoit.) Et voilà, allez-y Gwyneth, c’est à vous de jouer. (Tout le monde se tient la main pour fermer le cercle.)
Gwyneth : Esprit, êtes-vous là ? Nous entendez-vous ? Esprits, venez et parlez-nous pour que nous puissions soulager votre fardeau. (Elle lève la tête.)
Rose : (Entendant du bruit ; elle s’adresse à Dickens.) Vous entendez ça ?
Charles Dickens : Je suis certain que rien ne se passera. Tout ceci n’est que pure folie.
Rose : Regardez-la.
Gwyneth : Je les vois, ils s’approchent, je les sens. Ils sont là, tout près.
En effet, des ombres bleues arrivent au-dessus d’eux. Ils se mettent à les regarder alors que les ombres tentent de parler.
Rose : Qu’est-ce qu’ils disent ?
Docteur : Ils sont coincés au niveau de la fissure. (Il regarde vers Gwyneth.) Gwyneth, c’est vous qui les contrôler, pas l’inverse. Concentrez-vous bien, faites-les passer à travers.
Gwyneth : Je n’y arrive pas.
Docteur : Si, vous pouvez, il suffit d’y croire. Gwyneth, j’ai confiance en vous. Établissez le lien. (Gwyneth baisse la tête.)
Gwyneth : Oui, ça y est. (Une ombre bleue de forme humaine apparaît derrière Gwyneth. Dickens et Sneed n’en croient pas leurs yeux.)
Sneed : Seigneur Dieu. Les esprits du monde de l’au-delà.
Docteur : Oui, de l’au-delà de l’univers.
Ombres/Gwyneth : Aidez-nous, aidez les Gelths. Il reste si peu de temps, aidez-nous.
Docteur : Que voulez-vous que nous fassions ?
Gelths/Gwyneth : La fissure. Emmenez la fille à la fissure. Créez le flux.
Docteur : Pourquoi faire ?
Gelths/Gwyneth : Nous sommes si peu nombreux, les derniers de notre race, nous risquons l’extinction.
Docteur : Que s’est-il passé ?
Gelths/Gwyneth : Avant, nous avions une forme physique comme vous et il y a eu cette guerre terrible.
Charles Dickens : La guerre ? Quelle guerre ?
Gelths/Gwyneth : La Guerre du Temps. Tout l’univers bouleversé, la Guerre du Temps faisait rage. Invisible pour les petites espèces mais dévastatrices pour les grandes formes. Et nos corps ont perdu de leur substance. Nous sommes piégés dans cette sorte d’état gazeux.
Docteur : Voilà donc pourquoi vous avez besoin de corps.
Gelths/Gwyneth : Nous voulons garder la tête haute pour sentir le soleil vivre à nouveau. Nous avons besoin d’une forme physique et vous, vous abandonnez vos défunts. Au lieu de les gaspiller, donnez-les-nous.
Rose : On ne peut pas faire ça. Vous vous rendez compte.
Docteur : Pourquoi donc ?
Rose : (Au Docteur.) Ce serait… Selon moi, ce serait…
Docteur : (Finissant la phrase.) Indécent, irrespectueux, alors que ça peut leur sauver la vie.
Gelths/Gwyneth : Ouvrez la fissure. Laissez passer les Gelths. Venez à notre aide, la mort nous guette. Aimez les Gelths. (Gwyneth s’évanouit sur la table tandis que les Gelths sont partis dans les lampes murales.)
Rose : (Allant vers Gwyneth sous les yeux médusés de Charles Dickens.) Gwyneth.
Charles Dickens : Alors c’est vrai.
Rose : Gwyneth, il est temps de vous réveiller, hein allez Gwyneth.
Charles Dickens : C’était donc vrai. (Le Docteur a un regard dur envers Dickens.)
Rose : (Tandis que Gwyneth a été mise sur le canapé.) Tout va bien, vous avez juste dormi.
Gwyneth : Mais mes anges, mademoiselle, ils ont besoin que je les aide, ils me l’ont dit.
Docteur : Ils ont besoin de vous, Gwyneth, vous êtes leur seule chance de survivre.
Rose : (Haussant le ton envers le Docteur.) Fichez-lui la paix, vous ne voyez donc pas qu’elle est exténuée. Elle ne mène pas le même combat que vous. (Le Docteur se met à souffler alors que Rose donne un verre d’eau à Gwyneth.) Tenez, buvez.
Sneed : Je n’ai pas bien compris ce que vous nous avez dit, Docteur. Qui sont ces êtres ?
Docteur : Des extraterrestres.
Sneed : Des étrangers, quelque chose comme ça ?
Docteur : Plutôt étranger oui. (Il pointe son index vers le haut.) De là-haut.
Sneed : De Brecon ?
Docteur : À côté. Ils ont essayé de passer de Brecon à Cardiff mais les routes sont bloquées. Seuls quelques-uns ont pu passer. (Dickens boit son verre d’alcool.) Mais comme ils sont faibles, ils n’ont pu faire que des essais d’incorporation au corps. Redevenus gazeux, ils se sont cachés dans les tuyaux.
Charles Dickens : Voilà pourquoi ils ont tant besoin de la fille.
Rose : (Se tournant vers Dickens, elle hausse le ton.) Ils ne l’auront pas.
Docteur : (Regardant vers Rose.) Pourtant ça les aiderai. Vivants sur la fissure, elle en fait partie. Elle l’ouvrira, créant un pont pour les laisser passer.
Charles Dickens : Eh nous oui, les fantômes ne sont plus en réalité des fantômes, mais par contre des êtres venus d’ailleurs. Ils n’ont l’unique chance d’exister dans notre royaume et d’habiter des, des cadavres. (Il toussote.)
Docteur : Excellent système, ça peut marcher. (Rose se retourne vers le Docteur.)
Rose : (En se levant.) Quoi, vous n’allez quand même pas laisser faire ça, c’est impossible.
Docteur : Pourquoi ? Ce serait comme du recyclage.
Rose : Vous êtes sérieux ou quoi ?
Docteur : Quelle question ! Oui, je suis sérieux !
Rose : Mais enfin, c’est mal. Avant de mourir, c’étaient des personnes vivantes et même mortes, on doit les respecter.
Docteur : Est-ce que vous avez une carte de donneur ?
Rose : C’est différent.
Docteur : Oui, c’est différent, c’est une moralité différente. Il faut vous y faire ou rentrez chez vous. (N’entendant pas de réponse.) Vous avez entendu, le temps presse, alors je ne vais pas me soucier de quelques cadavres, quand le dernier des Gelths peut mourir.
Rose : Je refuse qu’ils utilisent Gwyneth.
Gwyneth : Puis-je dire quelque chose, mademoiselle ?
Rose : (Se retournant vers Gwyneth.) Oui euh, non. Pour ça, il faudrait que vous compreniez ce qui se passe.
Gwyneth : Je savais d’avance la réponse et je vois très bien que dans votre tête, vous croyez que je suis stupide.
Rose : Ce n’est pas vrai.
Gwyneth : Je sais ce que je dis. Il est possible que les choses soient différentes là d’où vous venez, mais moi, je n’ai pas le même état d’esprit. Et les anges veulent que je les aide. (Au Docteur.) Docteur, qu’est-ce que je dois faire ?
Docteur : Vous n’avez rien à faire du tout.
Gwyneth : Ils n’ont jamais cessé de me chanter des chansons. Je savais que c’était ma mère qui les envoyait en mission sacrée. Alors dites-moi.
Docteur : (En souriant.) Nous devons trouver la fissure. (Il s’en va vers la table où sont installés Sneed et Dickens.) Cette maison est sur un point faible, il doit y avoir un point plus faible que les autres. (À Sneed.) Monsieur Sneed, quel est le point le plus faible dans cette maison ? La pièce où le plus de fantômes ont été vus.
Sneed : Certainement… la, la morgue.
Rose : Ça aurait été trop beau que ce soit sous la terrasse.
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – DANS LA MORGUE – NUIT
Des cadavres sont enveloppés dans la salle de la morgue. Tout le monde entre dans la pièce.
Docteur : (Regardant autour de la pièce.) On ne peut pas dire que ce soit très gai.
Rose : En fait, Docteur, les Gelths ne réussiront pas parce que je sais d’avance qu’ils n’y arriveront pas. Ce qui est sûr, c’est que les cadavres ne se promenaient pas en 1869.
Docteur : Le temps est un flux qui change toutes les secondes et votre monde douillé pourrait être réécrit comme ça. (Il clape avec ses doigts.) Rappelez-vous que rien n’est assuré.
Charles Dickens : Docteur, on dirait que cette pièce est en train de se refroidir.
Rose : (Commençant à voir les Gelths.) Ils arrivent.
Gelth : Vous êtes venus pour nous aider ? Bénit que soit le Docteur, bénit soit Gwyneth.
Rose : Ne lui faites pas de mal, jurez-le.
Gelth : Dépêchez-vous, je vous en prie, il nous reste peu de temps, ayez pitié des Gelths.
Docteur : (S’avançant vers le Gelth.) Dès que nous aurons terminé le transfert, je vous conduirai quelque part où vous vous construirez un corps approprié. Ceci n’étant pas une solution définitive.
Gwyneth : Mes chers anges, grâce à moi, ils vont vivre.
Docteur : Allons-y, où se trouve le point faible ?
Gelth : Ici, juste sous la voute.
Gwyneth : (En se mettant à la position indiquée.) Juste sous la voute.
Rose : Gwyneth, rien ne vous force à le faire.
Gwyneth : (Mettant ses mains sur les joues de Rose.) Mes chers anges.
Gelths : (Alors que Rose recule.) Établissez le pont, jetez-le sur le vide, faites-nous passer.
Gwyneth : Ça y est, maintenant, je peux vous voir. Je peux enfin vous voir. Venez.
Gelth : Établissement du pont.
Gwyneth : Venez à moi. Venez dans ce monde, pauvres âmes égarées.
Gelth : Transfert commencé, le pont est établi. (Alors que Gwyneth ouvre la bouche, faisant passer les ombres qui circulent dans la pièce.) Elle s’est donnée elle-même, les Gleiths.
Charles Dickens : Ils sont nombreux, semble-t-il.
Gelth : Venons à couvert, nous descendons. (Le Gelth se transforme en une ombre de feu.
Inconnu : (Avec une voix rauque.) Les Gelths ont maintenant débarqué en force.
Charles Dickens : Mais pourtant, je suis sûr que vous aviez dit que vous n’étiez qu’un tout petit nombre.
Inconnu : Quelques milliards qui recherchent un cadavre à nourrir. (Les Gelths prennent possession des cadavres dans la pièce et ils se réveillent.)
Sneed : Ça suffit, Gwyneth. Je te demande d’arrêter tout de suite, écoute ton maître. Tout cela a été suffisamment loin, cesse donc cette comédie. Laisse tout ça tranquille, c’est ton maître qui te le demande.
Rose : (Alors qu’un cadavre s’en prend à Sneed en le prenant par le cou.) Monsieur Sneed, attention.
Le cadavre tue Sneed et toute l’énergie est transférée dans son corps. Il se relève et a les yeux devenus blanc-noir.
Docteur : Je crois qu’on est en train de perdre le contrôle.
Inconnu/Sneed : J’ai rejoint la légion sacrée des Gelths. Humains, marchez avec nous.
Charles Dickens : Non, Seigneur, c’est trop.
Inconnu/Sneed : (Se relevant.) Nous avons besoin de corps. Mourrez tous, tant que vous êtes. (Pendant qu’il avance vers le Docteur et Rose.) La race humaine doit mourir. (À Gwyneth.) Stoppez-les, renvoyez-les d’où ils viennent. Trois nouveaux corps, convertissez-les, fais-en des vaisseaux.
Charles Dickens : (Apeuré.) Non, décidément, je ne peux pas. Je suis désolé. Votre nouveau monde c’est, c’est vraiment trop pour moi.
Les cadavres s’avancent tous vers le Docteur et Rose, qui se cachent dans une pièce en fermant la grille.
Docteur : Abritons-nous là.
Charles Dickens : Si vous saviez comme… (Il se fait attaquer par une ombre et s’en va.)
Cadavres/Gelths : Venez, offrez-vous à la gloire. Sacrifiez vos vies aux Gelths.
Docteur : Je vous ai fait confiance, j’ai eu pitié de vous.
Cadavres/Gelths : Nous ne voulons pas de votre pitié. Nous voulons ce monde et toute sa chair.
Docteur : Non, pas tant que je serais vivant.
Cadavres/Gelths : Alors, vous ne vivrez pas.
Charles Dickens arrive à sortir, soulagé, mais un autre Gelth parvient à sortir également puis le suit. Dickens se met à courir.
Rose : (Les Gelths tentent de les attraper mais n’y arrivent pas.) Je ne peux pas mourir, de toute façon. Vous deviez bien le savoir, vous. Je ne suis même pas encore née donc, comment est-ce que je peux mourir avant ? (Le Docteur regarde vers Rose.) Je n’ai pas raison ?
Docteur : Je suis désolé.
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
Charles Dickens est pourchassé par un Gelth qui se fait piéger par une lanterne.
Gelth : Défaillance, atmosphère hostile.
Charles Dickens : (Ayant trouvé la solution.) Le gaz, c’est ça, le gaz. J’y retourne.
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – DANS LA MORGUE – NUIT
Rose : Je ne peux pas mourir aujourd’hui alors que je sais que je serais vivante dans cent trente-six ans.
Docteur : Le temps n’est pas une ligne droite, il se distord parfois sur d’autres formes. Rien n’empêche que vous mouriez au XIXème siècle, en étant né au XXème, c’est ma faute. Je vous ai amenée ici.
Rose : Non, ce n’est pas votre faute. J’ai été d’accord pour venir.
Docteur : C’est quand même stupide, j’ai été témoin de la chute de Troie, de la 5ème Guerre mondiale, j’ai jeté les boîtes de thé à la mer lors de la révolte de Boston. Et je vais crever dans un cachot et à Cardiff.
Rose : Et encore, si ce n’était que ça. Le pire, c’est que l’on va devenir l’un d’eux.
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – NUIT
Charles Dickens rentre dans la maison et se met à éteindre toutes les lampes à gaz. Il se protège avec un mouchoir pour éviter de s’évanouir.
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – DANS LA MORGUE – NUIT
Rose : On se battra jusqu’au bout, d’accord ?
Docteur : D’accord.
Rose : Tous les deux.
Docteur : Ouais. (Ils se prennent par la main.) Je suis si heureux de vous avoir rencontrée.
Rose : Moi aussi, Docteur. (Ils se mettent à sourire.)
Charles Dickens : (Arrivant en courant dans la morgue.) Docteur, Docteur, vite, éteignez les lampes et rouvrez le gaz. Nous allons remplir la pièce entière avec du gaz.
Docteur : Mais qu’est-ce que vous faites ?
Charles Dickens : Je vais rouvrir le gaz de façon à ce qu’il envahisse toute la pièce.
Docteur : Brillante idée, du gaz.
Rose : Mais, mais, maintenant c’est nous qui allons mourir asphyxiés.
Charles Dickens : (En ouvrant le gaz, il regarde vers le Docteur.) Je ne me trompe pas, Docteur ? Vous avez bien dit que ces créatures étaient bien gazeuses. (Il remet son mouchoir sur sa bouche.)
Docteur : En remplissant la pièce de gaz, on va les obliger à sortir de leurs hôtes, comme ça ils seront aspirés par l’air, comme on aspire le poison d’une plaie.
Charles Dickens : (Voyant les cadavres arriver vers lui.) Euh, j’espère. Oh Seigneur, j’espère que cette théorie sera bientôt valide, si ce n’est, si ce n’est immédiatement.
Docteur : Préparez-vous, j’ouvre les vannes.
Dans le cachot, il ouvre une vanne pour faire sortir le gaz. Les Gelths sortent du corps de leurs hôtes en criant.
Charles Dickens : Ah, ça a marché.
Puis le Docteur et Rose sortent de la pièce pour rejoindre Gwyneth.
Docteur : Gwyneth, se sont des menteurs, pas des anges, renvoyez-les.
Gwyneth : Des menteurs ?
Docteur : Regardez-les. Si vos parents nous voient de là où ils sont, je suis sûr qu’ils vous diraient la même chose. Ils vous donneraient la force, alors, renvoyez-les.
Rose : (Sa main devant sa bouche.) Je ne peux plus respirer.
Docteur : (À Dickens pour Rose.) Charles, emmenez-la dehors.
Rose : Non, je ne peux pas la laisser.
Gwyneth : Ils sont trop forts.
Docteur : Rappelez-vous le monde de vos visions, le monde de Rose, il sera dépeuplé, il n’y aura aucun survivant sauf si vous les renvoyez à travers la fissure.
Gwyneth : Trop tard, je ne peux plus les renvoyer. Mais je peux les retenir, les enfermer avec moi dans cette pièce pour toujours. Allez-vous-en. (Elle prend une boîte d’allumettes de sa poche.)
Rose : Non, Gwyneth, non. (Le Docteur l’a retient.)
Gwyneth : Quittez cette pièce.
Docteur : (À Rose.) Allez maintenant, Rose, sortez. Je ne la laisserai pas tant qu’elle sera en danger. Vite, filez. (Rose se met à courir pour sortir de la pièce ; à Gwyneth à propos de la boîte d’allumettes.) Vite, donnez-la-moi. (Il comprend que ça va être compliqué.)
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – NUIT
Dickens et Rose tentent de partir de la maison.
Charles Dickens : (En courant avec Rose et il tousse.) Par là.
INTÉRIEUR – DANS LES POMPES FUNÈBRES – DANS LA MORGUE – NUIT
Le Docteur touche le visage de Gwyneth.
Docteur : Je suis désolé. (Il lui fait une bise sur son front.) Merci Gwyneth.
EXTÉRIEUR – DANS LA RUE PRÈS DE LA MAISON - NUIT
Il se met à courir, laissant Gwyneth toute seule. Elle ouvre la boîte et prend une allumette. Le Docteur sort de la maison in extremis car Gwyneth a craqué l’allumette, faisant exploser toute la maison qui se trouve en feu. Les morceaux des fenêtres atterrissent près de Dickens, Rose et le Docteur. Rose le regarde méchamment et on voit aux yeux du Docteur qu’il se sent responsable.
Rose : Elle n’a pas voulu ?
Docteur : Je n’ai rien pu faire. Elle a refermé la fissure.
Charles Dickens : Oui, mais à quel prix. La malheureuse enfant.
Docteur : Je vous jure que j’ai essayé mais elle était déjà morte. Elle l’était depuis au moins cinq minutes.
Rose : Que voulez-vous dire ?
Docteur : Je crois qu’elle est morte dès le moment où elle est allée sous la voûte.
Rose : Mais il y a quelque chose que je n’arrive pas à saisir. Elle nous a parlés, elle nous a sauvés. Comment une morte peut-elle faire ça ?
Charles Dickens : « Il y a bien plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, qu’on ne peut en rêver dans votre philosophie. » Ça vaut aussi pour nous, Docteur.
Rose : Elle a sauvé le monde. Une simple servante, personne ne le saura. (Tous les trois regardent vers le ciel.)
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
Le Docteur se trouve devant le TARDIS.
Docteur : Tenez c’est là, Charlie, mon vieux, je n’ai qu’à rentrer dans ma… suite. Ça ne sera pas long. (Il ouvre la porte du TARDIS.)
Rose : (À Dickens.) Maintenant, qu’allez-vous faire ?
Charles Dickens : Je prends immédiatement le coche pour rentrer à Londres parce que j’en ai terminé avec les errances. Il n’est plus temps pour moi d’être seul. Je compte passer un merveilleux Noël avec ma famille après avoir fait amende honorable. Ce que je viens d’apprendre ce soir, me dit qu’il n’y a rien de plus vital.
Docteur : Ah, vous avez repris espoir.
Charles Dickens : Oui, démesurément. (Ils se mettent à rigoler.) Ce matin, j’étais persuadé de tout connaître, ce soir, je sens que j’ai tout à découvrir comme je songe à toutes ces perspectives que vous m’avez permis d’entrevoir. Je me sens inspiré, il faut que j’écrive un livre.
Rose : Est-ce que c’est sage, ça ?
Charles Dickens : Ah, je compte commencer en douceur. « Le mystère d’Edwin Drood ». Je dois encore réfléchir à la fin. Peut-être que l’assassin n’était pas l’oncle du pauvre garçon. Peut-être même était-ce quelqu’un venu d’ailleurs. « Le Mystère d’Edwin Drood et les esprits élémentaires bleus ». Je vais propager la parole et révéler enfin la vérité.
Docteur : (En souriant.) Euh, je vous souhaite du courage, j’ai été ravi de vous connaître. (Le Docteur et Rose sourient.)
Rose : (Serrant la main de Dickens.) Eh bien au revoir, et encore merci. (Elle lui fait un bisou sur la joue alors que le Docteur ouvre la porte du TARDIS.)
Charles Dickens : Oh ma chère, comme c’est moderne. (Rose sourit.) Merci mais je ne comprends pas, ce que veut dire au juste cet « au revoir » ? Où allez-vous comme ça ?
Docteur : Vous allez voir quand je serai dedans.
Charles Dickens : Ma parole, Docteur, vous avez le don d’enchaîner les énigmes mais après toutes ces révélations, il reste un mystère que vous ne m’avez toujours pas expliqué. Dites-moi, qui êtes-vous ?
Docteur : Un ami qui passait dans le coin. (Il sourit.)
Charles Dickens : Mais vous avez une telle connaissance des temps futurs. Sans vouloir être importun, je voudrais encore vous poser une question : est-ce que mes livres, Docteur, seront lus longtemps ?
Docteur : (Souriant de nouveau.) Ah, oh, ça oui.
Charles Dickens : Jusqu’à quand ?
Docteur : La fin des temps. (Après une pause.) Bon, il faut y aller. Venez Rose.
Charles Dickens : Mais vous deux, dans cette petite boîte ?
Docteur : (Entrant dans le TARDIS.) Petit curieux. À un de ces jours. (Ils y entrent tous les deux.)
INTÉRIEUR – DANS LE TARDIS – NUIT
Rose : Mais ça va changer l’Histoire s’il écrit sur les esprits bleus.
Docteur : Huit jours et on sera en 1870, l’année de sa mort et il n’écrira jamais la fin de son histoire.
Rose : (Regardant l’écran où se trouve Dickens à l’extérieur.) Oh non, il était tellement charmant.
Docteur : Mais il était déjà mort dans votre temps nous l’avons ramené à la vie. Et maintenant, il est plus vivant que jamais notre cher ami Charlie. (Ils sourient.) On va lui faire une dernière surprise. (Il appuie sur un bouton pour faire partir le TARDIS sous les yeux ébahis de Dickens.)
EXTÉRIEUR – DANS LES RUES DE CARDIFF – NUIT
Le TARDIS s’en va alors qu’il se met à neiger. Dickens se met à rire et rejoint le centre de Cardiff.
Inconnu : Joyeux Noël, monsieur.
Charles Dickens : Joyeux Noël à vous. Dieu nous bénisse tous. Tous sans distinction.
PROCHAINEMENT
On voit un vaisseau spatial percuter Big Ben puis dans la Tamise. Il y a les informations qui passent pour parler de cet incident. L’armée arrive vers le Docteur, Mickey et Rose pour leur dire qu’ils sont en état d’arrestation. Dans le TARDIS, ils évoquent l’invasion et le monde se trouve en alerte rouge. Un général de l’armée britannique discute avec d’autres personnes. Une femme et un homme ouvre leur crâne grâce à une fermeture éclair invisible. Le Docteur se trouve avec les militaires qui le suivent. Une femme semble choqué par ce qu’elle voit, elle s’est cachée entre deux armoires.