Lord Byron

Lord George Gordon Byron (1788-1824), généralement appelé Lord Byron, est l'un des plus célèbres poètes et auteurs romantiques anglais.

 

Enfance et adolescence

C’est le fils de John Byron, capitaine d’infanterie, et de sa seconde femme Catherine Gordon de Gight (1765-1811), née dans une famille descendants de la dynastie écossaise des Stuarts. Son père avait eu une fille d’un précédent mariage sulfureux, qu’il a abandonnée après la mort de sa femme. Il épouse ensuite la mère de Lord Byron pour sa fortune, qu’il dilapide, et déménage régulièrement pour fuir ses créanciers. Enceinte, Catherine le rejoint un temps en France, où elle s'occupe de sa belle-fille Augusta. Ruinée, elle rentre en Angleterre pour accoucher à Londres, de son fils, George Gordon, en 1788.

George nait avec le pied droit difforme, un pied bot. Toute sa vie, Byron doit porter une chaussure orthopédique et conserve un léger boitement. Sans argent, Catherine part avec son fils en Ecosse. Son mari vit un temps avec eux avant de les abandonner de nouveau. Il meurt en France en 1791. Orphelin de père à 3 ans, Byron étudie d'abord dans une école de quartier, puis en 1794 il entre dans un collège d'Aberdeen pour apprendre le latin. Il s'y avère être un élève médiocre, mais commence à beaucoup lire, notamment de nombreux récits sur l'Orient.

George subit le caractère irascible et capricieux de sa mère, qui reporte sur lui l’amour débordant et la colère qu’elle éprouvait pour son père. Il en développe une certaine instabilité, qui se manifeste toute sa vie, notamment dans son mariage. Beau garçon mais timide, il souffre de son infirmité et tente de la compenser par de nombreuses activités sportives, surtout la course et la natation. Il développe un fort sentiment d’appartenance envers l’Ecosse.

A 8 ans, en 1795, il tombe amoureux passionnément de sa cousine, avant de subir un an plus tard des attouchements de la part de sa gouvernante. Il hérite à 10 ans en 1798 du titre de baron de son grand-oncle, mort sans héritier direct, et du domaine ancestral de Newstead Abbey. Il y déménage avec sa mère, mais même si le domaine est en ruines, elles suscitent la fascination du jeune garçon. C’est là qu’à 12 ans, en 1800, il tombe amoureux de sa cousine Margaret Parker, pour laquelle il compose ses premiers poèmes.

En 1801, sa famille décide de lui donner une meilleure éducation en l’envoyant à la Public School de Harrow, estimant le laxisme de sa mère nocif pour lui. Intelligent mais indiscipliné, il s’y fait de nombreux amis de toute origine, lisant beaucoup, enchainant les bêtises et tombant sans cesse amoureux. C’est à cette période qu’il rencontre sa demi-sœur Augusta, qui devient sa confidente, et ce alors qu’il subit les avances de son beau-père. Il rêve de devenir orateur parlementaire et, au cours de vacances à Londres, il va écouter des discours à la Chambre des Communes.

 

Jeunesse

Il entre en 1805 à Cambridge, à 17 ans. Il y étudie peu, mais y noue beaucoup d’amitiés, y vivant une vie dissolue. Il commence aussi à écrire, et publie en 1807 son premier recueil poétique, Heures d’oisiveté. Lassé par sa vie de débauche à Londres qui abime sa santé, il entame un voyage en Grèce de 1809 à 1811. Il en tire un second recueil poétique, Childe Harold, qui propage le modèle du héros romantique et le rend célèbre à sa plus grande surprise. Après avoir tenté de se lancer en politique, il enchaine les succès littéraires, s’illustrant dans divers genres poétiques, narratif, lyrique, épique, ainsi que des œuvres courtes, toutes inspirées de sa propre vie.

Fatigué de sa vie instable, il épouse en 1815 Annabella Byron, dont il admirait le brillant esprit mathématicien. Mais sa relation incestueuse avec sa demi-sœur, ses liaisons, les problèmes financiers et son propre caractère instable et violent provoquent le départ de son épouse avec leur fille Ada (future Ada Lovelace) en 1816. Accusé de violence, et d’homosexualité (il semble que Lord Byron était bisexuel), victime d’attaques de toute part, haï par les hommes politiques pour ses idées libérales et sa sympathie pour Napoléon, fuyant ses créanciers, Byron fuit l’Angleterre en 1816, avec un ami, son domestique Fletcher et un jeune médecin, John William Polidori. Il ne reviendra plus, ne revoyant jamais à son grand désespoir sa fille.

 

L’exil

Effondré par la séparation avec sa sœur et sa fille, Byron tombe dans une profonde dépression. Il visite la Belgique et la Suisse, inspirant de nouvelles œuvres. Sur les bords du lac Léman, il rencontre Percy Shelly, sa future épouse Mary Shelley, et une jeune admiratrice enceinte, Claire Clairmont. Il s’établit dans la villa Diodati, et vit une intense période d’écriture. Il tente en vain de se séparer de Claire, pour qui il n’a jamais eu d’affection, et dont l’insistance constante l’irrite de plus en plus.

A la fin de l’année 1816, il part visiter l’Italie, et apprend irrité que Claire a donné naissance à une fille, Allegra. Il en obtient contre son gré la garde, et la place au couvent, espérant lui donner une bonne éducation. Mais la petite fille meurt à 5 ans, le laissant effondré. Il rompt avec le romantisme de sa jeunesse dans ses œuvres, laissant libre cours au sarcasme, à son génie de la rime et de l'improvisation, notamment dans ce qui est considéré comme sa plus grande œuvre, Don Juan.

Grand défenseur de la liberté, révolté contre la politique et la société de son temps, l'Europe du Congrès, il s’engage dans toutes les luttes contre l'oppression : d’abord en Angleterre pour défendre les Luddites, puis en Italie avec les Carbonari, enfin en Grèce dans la lutte pour l'indépendance. C’est pendant celle-ci qu’il tombe malade et décède, à 36 ans.

Héritage

Hors norme, sulfureux, homme de conviction autant que de contradictions, sombre mais aussi facétieux, excessif en tout, sportif, homme de liaison à la bisexualité assumé, torturé par son amour pour sa demi-sœur, il laisse derrière lui une réputation sulfureuse.

Il est devenu une source d'inspiration pour de nombreux artistes, peintres, musiciens, écrivains et réalisateurs. Si ce n’était évidemment pas un modèle de vertu, ce n’était pas non plus un monstre et un sadique. La réputation de Lord Byron a principalement été détruite par sa relation avec sa demi-sœur, et sa bisexualité, inacceptable dans l’Angleterre victorienne, ainsi que sa trop grande franchise et son manque de discrétion. Quant à certains de ses poèmes jugés scandaleux, il est difficile aujourd'hui de comprendre ils peuvent sulfureux.

C’est surtout un homme de contradictions, autant en politique, en religion, que vis-à-vis des femmes, passant à leur égard de l’estime au mépris selon les périodes et les interlocuteurs.